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03/05/2007
DIVISER POUR REGNER...
Le jeudi 26 avril, le cinéma l'Atalante nous offrait la diffusion du film Les LIP, l'imagination au pouvoir. Merveilleux film faisant le récit de cette grève emblématique du début des années 70 que menèrent les 1000 ouvrier(e)s de l'usine LIP de Besançon. LIP, une lutte au- tour du slogan : «C'est possible : on fabrique, on vend, on se paie». Un slogan devenu réalité pour des hommes et des femmes qui n'avaient pour armes que la détermination, un esprit de solidarité et un incroyable désir de dignité.
Par delà les logiques syndicales, le principe de démocratie directe s'exerça, faisant de chaque ouvrier gréviste un acteur indispensa- ble à la réussite de cet élan populaire exemplaire.
L'union des travailleurs avait fait plier le patronat, avait imposé une inversion de logique sociale, démontrant magistralement que si le patron a besoin de la force des travailleurs, les travailleurs, eux, n'ont pas besoin du patron pour faire tourner les machines, fabri- quer et vendre le produit de leur travail.
C'est pourquoi, après des mois de mobilisation et de lutte, le temps de la négociation venue, la première initiative du gouvernement fût d'envoyer un émissaire dont le premier acte fut d'annoncer qu'il recevrait les syndicats, les uns après les autres. Mettant ainsi en application l'éternel adage du «diviser pour régner». Une annonce qui souleva l'immédiate et légitime colère des ouvrier-e-s en lutte.
Ce jeudi 26 avril, la salle de l'Atalante était pleine. Toute la diver- sité syndicale locale était là, représentée. Partageant ce beau mo- ment de témoignage, d'un passé encore récent. Les LIP nous ont offert une leçon de dignité collective.
C'est durant la même semaine que nous avons appris que le syn- dicat LAB n'était pas invité à prendre la parole par les autres syn- dicats organisateurs de la traditionnelle manifestation du 1er Mai.
Il était reproché à LAB de ne pas condamner ETA.
Ainsi, la division syndicale aura une fois de plus marquée le 1er Mai en Iparralde (les 3 provinces basques sous juridiction française).
Ceux qui ont pris la responsabilité de cette désunion syndicale ne semblent pas être conscients ou sensibles à la phase historique dans laquelle nous nous trouvons. Un processus de Paix est enga- gé. Il nécessite les efforts de tous. Cela a été dit et redit. Et le mon- de syndical a le devoir de s'y impliquer, de favoriser l'émergence des conditions garantissant des lendemains de justice et de Paix sur le sol d'Euskal Herria (Pays basque, les 7 provinces). L'union des forces laborieuses et de ses représentant s'impose !
Tout aussi grave, nous sommes à quelques jours d'une échéance électorale majeure. Une échéance dont les conséquences risquent d'être dramatiques pour le monde ouvrier et pour les personnes les plus précarisées de notre société. En ces temps de grand péril so- cial, de risque de remise en question des derniers acquis sociaux encore en cours, une seule attitude s'imposait de la part des syn- dicats, de tous les syndicats ; l'union !
Cette union dont les LIP ont démontré comme étant l'absolue né- cessité pour faire barrage aux ambitions antisociales des déci- deurs, du patronat, et de toutes celles et ceux dont l'exploitation de l'Homme par l'Homme reste, encore et toujours, le détestable moteur de leur vie.
En ces temps difficiles, en ces temps où nous sommes tous appelés à prendre nos responsabilités, individuellement et collectivement, la mise à l'écart de LAB n'est pas que la marque d'un manque d'esprit visionnaire et responsable, elle est de fait une atteinte aux efforts accomplis dans la résolution du conflit en Euskal Herria, et un affaiblissement du camp des exploités.
12:00 Publié dans éditoriaux d'Ekaitza | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Superbe film qui mériterait d'être reprogrammé encore et encore. Qui mériterait probablement aussi une programmation spéciale scolaires afin de transmettre aux générations en devenir cette imagination que l'on voudrait tant revivre en action.
Écrit par : Xuxen | 17/05/2007
Pourquoi LAB ne s'imposerait-il pas tout simplement auprès des autres syndicats en faisant un peu de forcing le 1er Mai ? L'ostracisation du syndicat basque au prétexte de sa non condamnation du "terrorisme" ne tient pas du tout la route et est évidemement hors sujet sur le terrain des luttes sociales et de l'intérêt collectif des salariés.
Écrit par : Xabi | 17/05/2007