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26/10/2007

L'AUTONOMIE N'APPARTIENT...

 NI AUX ABERTZALE

NI A LA DROITE NI A LA GAUCHE

[entretien avec TTotte Etxebeste publié sur le JPB]

 

bb69b8ace77d8281cb6993690fb70d35.jpgCe soir démarre le premier forum sur l’autonomie organisé par la plateforme Autonomia Eraiki. Le but de cette démarche est de montrer que le cadre d'une autonomie est le mieux adapté aux besoins économiques sociaux et culturels du Pays Basque. Ce soir et demain, grand nombre d’élus en provenance des territoires jouissant d’institutions autonomes vont témoigner de leurs expériences.

D’où est partie cette idée ?

En septembre octobre 2006, des militants ayant un passé commun et qui par les années se sont en quelque sorte perdus chacun dans un engagement politique différent, nous nous sommes retrouvés pour réfléchir sur ce qui nous avait entraînés à lutter. Nous avons constaté que l’idée de l’autonomie était l’un des éléments fondamentaux de notre lutte et qu’il fallait la remettre d’actualité. Cette réflexion a été menée dans un contexte très particulier, celui du processus de résolution du conflit basque. On s'est dit que nous avions nous aussi un apport à faire. C’est pour cette raison que nous nous sommes décidés à donner une conférence de presse à la veille de l'Aberri Eguna pour dire essentiellement deux choses : que toute résolution du conflit basque passe par la reconnaissance du Pays Basque de la part des Etats français et espagnol, ainsi que par le respect du droit des citoyens basques à décider de leur propre avenir. Et concernant plus concrètement le Pays Basque nord, nous avons souligné que l’Etat français doit une fois pour toutes accepter la reconnaissance institutionnelle d’Iparralde.

A travers une autonomie...

Pour nous, c’est clair que le cadre institutionnel le mieux adapté aux besoins des citoyens du Pays Basque est l’autonomie.

Une idée, celle de l’autonomie, que rejoint la revendication portée actuellement par d’autres partis...

Je dirais à l’inverse, une idée qui est sur la table depuis des années et qui est reprise aujourd’hui par divers mouvements. Il faut rappe- ler que l’autonomie comme premier pas pour la liberté est une re- vendication d’IK. Aujourd’hui, et on s’en réjouit, des mouvements politiques reprennent cette idée à leur compte. Ce qui montre d'ailleurs qu’elle est d’actualité.

Pourquoi un forum sur cette question ?

Parce que nous croyons qu’il y a un travail pédagogique à faire. Parce qu’il faut montrer aux habitants du Pays Basque que la France est l’un des derniers Etats centralistes et qu’autour de nous, la plupart des pays sont organisés sur la base de statuts d’autonomie ou de structures fédérales : la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Suis- se, qui d’ailleurs conserve un système fédéral séculaire, l’Allemagne avec les landers... L’exemple le plus évident, nous l’avons ici même, au Pays Basque sud, où l’a Communauté Autonome Basque et la Communauté Forale de la Navarre jouissent d’un cadre autonome très puissant, ce qui leur permet une gestion très efficace du quotidien, que ce soit au niveau social, économique, culturel... Par le biais du forum, nous voulons faire voir aux gens qu’au-delà du centralisme jacobin, il y a des systèmes institutionnels très performants. Mais aussi nous voulons démontrer que, même si la France refuse des autonomies pour le Pays Basque, la Corse, la Catalogne et les autres peuples de l’hexagone, Paris pratique une décentralisation très poussée vis-à-vis d’autres territoires de l’Etat comme c’est le cas pour la Polynésie ou pour la Kanaky, avec même la reconnaissance du droit à l’autodétermination.

Mais l’on peut arguer qu’il s’agit à de territoires d’Outremer, d’an- ciennes colonies, alors que ce n’est pas le cas du Pays Basque...

Je ne suis pas un expert en Histoire, mais ce qui est sûr, c’est que le Pays Basque n’appartient pas à la France depuis la nuit des temps comme certains semblent en prétendre. Cela dit, et en précisant que ce sont les vainqueurs qui écrivent toujours l’Histoire, on ne prétend pas faire une révision de l’Histoire. Nous sommes en train de parler d’aujourd’hui, des besoins et des revendications des gens d’aujourd’hui. Et nous sommes aussi en train de parler du fait que l’Etat français, quand il le veut, est capable de concéder des cadres autonomes, à partir du moment où il y a une identité très forte. Et ça, ici c’est incontestable : 1000 personnes se sont manifestées dans la rue en demande d’un cadre institutionnel propre, dans ce cas le département, 60% des maires ont signé une lettre avec cette revendication, aujourd’hui à l’initiative de la plateforme Batera 30 000 personnes ont signé une pétition réclamant la réalisation d’un référendumŠ Et quant au plan identitaire, le niveau de scolarisation en langue basque ne cesse d’augmenter, ce qui montre un attachement des habitants de ce pays à leur langue et à leur culture... Ce n’est pas une question d’Histoire ; la question est de savoir si l’on va répondre ou non à ces demandes.

On accuse souvent les porteurs de cette revendication de ne s’axer que sur un élément identitaire.

Sans aucun doute il y a une composante identitaire dans cette revendication. Mais partout où les autonomies sont implantées, elles sont soutenues par des abertzale, des non-abertzale, des gens de droite et des gens de gauche. Car il est important de souligner que le centralisme ne fonctionne plus, et que sur cette question, la France est en arrière.

L’autonomie n’est pas une idée abertzale, mais une façon de gérer un territoire. L’autonomie n’appartient à personne, à aucun mouvement. Les élus qui gèrent les landers sont-ils des abertzale? Et ceux qui gèrent les différents cantons suisses le sont-ils ? Au forum, on pourra entendre leurs témoignages ainsi que celui de Mikel Arana, d’Ezker Batua, une formation qui n’est pas abertzale [écolo communistes] et qui fait partie du gouvernement de coalition qui gère avec le PNV et EA la Communauté Autonome Basque.

Dernièrement les élus du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques ont réalisé le tour des institutions autonomes au Pays sud et l’impression particulière de certains d’entre eux est assez favorable à ce type de cadre administratif. On est en train de vivre un changement d’état d’esprits ?

Il est évident pour n’importe quel élu, s’il n’est pas aveuglé par un centralisme borné, qu'un pays fonctionne mieux quand l’adminis- tration est proche des citoyens. Nos élus ont dû s’apercevoir, s’ils ne le savaient pas, que les compétences dont jouissent nos voisins sont au-delà de celles du Conseil général. Sans parler du finan- cement. Autant la Communauté Autonome Basque la Navarre perçoivent les impôts et gèrent les hôpitaux, les établissements scolaires, les infrastructures...

Les choses vont-elles changer avec la commission Balladur ?

Il ne faut pas se tromper. La commission Balladur, qui d’ailleurs doit rendre son rapport prochainement, ne répond absolument pas aux besoins des citoyens du Pays Basque. Cette commission ne va pas parler de décentralisation mais de savoir comment accroître le pouvoir du Président de la République pour en créer un super- président. La seule démarche de décentralisation en France fut lancée à l’époque de Mitterrand et on voit bien quel en est le résultat. On peut dire que même la Diputacion de Gipuzkoa a plus de compétences que le Région d’Aquitaine. La commission Balladur ferait mieux de revoir le système français et de mener une réflexion approfondie sur une réelle décentralisation pour répondre aux besoins des citoyens et aux demandes des peuples minoritaires comme le Basque.

Pourquoi la France accorderait-elle une autonomie alors que reprenant la revendication d’IK, l’autonomie est le premier pas vers l’indépendance ?

Pour nous les abertzale, le statut d’autonomie n’est en effet qu’un premier pas vers la construction d’Euskal Herria, on ne l’a jamais caché. Mais nous ne voulons rien imposer. Comme nous le disons pour le statut d’autonomie, ce ne sont pas les abertzale qui le décideront. Ce sont les citoyens qui devront décider s’ils veulent un statut d’autonomie et si jamais on l’a et si un jour un débat sur l’indépendance prend sa place, ce seront encore les citoyens qui devront en décider. Si c’est l’indépendance, ce sera l’indépendance, si c’est de rester dans le cadre autonome, on y restera. C’est ça que l’on appelle la démocratie.

 

14/07/2007

REFLEXION SUR L'AUTONOMIE

statut institutionnel pour Iparralde

 

bb69b8ace77d8281cb6993690fb70d35.jpgLa revendication institutionnelle en Iparralde ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, au lendemain de la Révolution française de 1789, les frères Garat exprimaient leur désir de créer un département séparé du Béarn, département qui reconnaîtrait le territoire d’Euskal Herria. En 1947, le député Jean Etcheverry-Ainchart dépose à l’Assemblée constituante un projet d’autonomie pour Iparral- de qui sera rejeté. Puis, cette demande de recon- naissance institutionnelle est portée, avec plus ou moins d’écho, par différents mouvements (Enbata, EHAS, Herri Talde, Association pour un département basque, etc.) Jusqu’aux années 80, lorsque l’organisation Iparretarrak expose dans Ildo[1] le « Autonomia lehen urratsa askatasunaren bidean[2] » en cinq points. En 1993, ce projet sera développé dans un bulletin intitulé « 20 ans de lutte, autono- mie et avant-projet », document qui demeure une référence en la matière, comme l’ont démontré la prise de position du parti pol- itique Batasuna en faveur d’un statut d’autonomie pour Iparralde en janvier 2007 ou encore l’intervention de l’universitaire Jean-Pierre Massias lors du dernier Aberri Eguna.

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