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17/04/2008

TÉMOIGNER ET EXIGER

Pour l'ONU, est considéré comme peuple autochtone « les descen- dants de ceux qui habitaient dans un pays ou occupaient une région géographique à l'époque où des peuples de cultures ou d'origines ethniques différentes sont arrivés. Ces derniers arrivants sont par la suite devenus dominants par le biais de la conquête, de l'occupa- tion, du peuplement ou d'autres moyens.»

L'UNPFII, l'instance permanente sur les questions autochtones de l'ONU tiendra sa session annuelle du 21 avril au 02 mai 2008 à New York. Une délégation de citoyen(ne)s du Pays basque nord va se rendre à cette session de l'UNPFII pour y prendre la parole. Cette initiative citoyenne s'inscrit dans une action dont l'objectif est de parvenir à obtenir pour le peuple basque d'Iparralde les moyens de garantir son existence. L'État français s'est engagé en septembre 2007 à défendre les droits desdits peuples autochtones en signant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Résolution adoptée par l'Assemblée générale le 13 septembre 2007. Manifestement, l'Etat français refuse de reconnaître aux Basques se trouvant présentement sous son administration le statut de peuple autochtone. Statut qui, à la lecture des critères ONUsiens s'applique parfaitement aux Basques du Pays basque nord. C'est pourquoi, la délégation qui se rendra à la session de l'UNPFII entend par sa présence et ses prises de parole affirmer avec force :

- L'exigence que les textes touchant le statut des peuples autochtones s'appliquent en totalité aux Basques du Pays basque nord.

- Que Paris doit respecter ses engagements internationaux en matière de droits des peuples autochtones.

- Que l'ONU doit contribuer aux efforts menés en faveur de la recherche de la résolution du conflit en cours au Pays basque.

Cette initiative citoyenne contribuera à :

- Sensibiliser l'ONU à la problématique d'Euskal Herria (en priorité dans sa dimension Iparralde) au travers d'une intervention auprès de son organe en charge des peuples autochtones.

- Informer l'opinion internationale sur la question basque.

- Participer aux efforts en cours en faveur de l'engagement d'un processus de paix au Pays basque.

- Concourir aux initiatives favorisant à sauver le Pays basque nord de son extinction.


INTERVIEW D’AUTONOMIA ERAIKI 
 

Des citoyen(ne)s basques d'Iparralde (Pays basque nord) témoi- gnent devant une commission de l'ONU…

Rappelez nous ce qu'est Autonomia Eraiki.

Autonomia Eraiki est un groupement de citoyen(ne)s d'Iparralde qui s'est constitué voilà un peu plus d'un an, et dont l'objectif est de sensibiliser, informer et populariser la notion d'Autonomie. Nous avons pour socle commun l'idéal abertzale et une vision de gauche au niveau du projet social.

Autonomia Eraiki s'est lancé dans un projet ambitieux, quel est-il ?

Il est d'aller prendre la parole au sein d'une instance des Nations Unies (ONU), l'UNPFII, à New York, qui est l'instance permanente sur les questions autochtones. Autonomia Eraiki est dans cette opération uniquement l'élément donnant l'impulsion. Participeront en effet à cette action, des citoyennes et citoyens d'Iparralde qui ne sont pas membres d'Autonomia Eraiki.

Avec quels objectifs ?

Témoigner tout d'abord. Puis revendiquer. Témoigner de diverses réalités que beaucoup de gens d'Iparralde vivent au quotidien comme une atteinte à leur dignité, à leurs droits. Qu'il s'agisse de droits linguistiques, culturels, socio-économiques, politiques… Puis, revendiquer le droit de vivre. Tout simplement vivre. Et pour cela, que les droits dont bénéficient nombre de peuples aujourd'hui puissent aussi bénéficier aux Basques d'Iparralde. Que les textes internationaux qui s'imposent aux États en la matière, s'imposent aussi à la France. Rappeler aussi avec force que le gouvernement français a signé en septembre 2007 un texte à l'ONU qui défend les droits des peuples autochtones. Les Basques d'Iparralde sommes concernés par cette signature. Nous le rappellerons avec force.

De qui sera composée cette délégation ?

De personnes d'Iparralde pouvant être porteurs d'une parole de vérité. Nous avons lancé un appel à l'adresse des structures associatives et autres à nous rejoindre pour décider de la composition de cette délégation. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel aux partis politiques et aux syndicats afin de favoriser la prise de parole libre, détachée de tout contexte castrateur. Il s'agira de permettre une prise de parole de gens de terrain, acteur(trice)s premiers de la résistance. Cette opération se veut complémentaire à tout ce qui au Pays basque nord se fait, se vit, s'organise, avec l'objectif de défendre les droits imprescriptibles du peuple basque. Mais cette opération s'intègre également dans les actions menées pour favoriser la résolution du conflit en cours en Euskal Herri (Pays basque).

Quelle est la légitimité de celles et ceux qui s'exprimeront au sein de cette instance de l'ONU ; ils ne sont pas élus, pas représentants de partis ou de syndicats ou autres corps constitués ?

Certes, les femmes et hommes qui composeront cette délégation ne sont pas des élu(e)s, ne sont pas à la tête de partis politiques ou de syndicats. Elles/ils ne sont que de simples citoyen(ne)s d'Iparralde. Mais ils ont en eux l'essentiel pour être à leur place au sein de l'UNPFII ; ils/elles sont habité(e)s de la conscience qu'ils/elles vivent en un pays où des droits fondamentaux ne sont pas respectés, où l'on porte atteinte à leur dignité individuelle et/ou collective. C'est de cela que ces femmes et hommes seront les humbles témoins, les modestes mais déterminés porteurs.

L'UNPFII est l'instance permanente de l'ONU travaillant sur les questions autochtones. «Questions autochtones» est-ce bien la problématique qui touche les Basques ?

On peut entendre par peuples autochtones, ou peuples premiers, des références qui nous ramèneraient à des concepts flous, voire dangereux, propices aux dérapages, type visions ségrégation- nistes, xénophobes, voire racistes. Soyons définitivement clairs sur ce point. Nous militons pour la défense des droits du peuple basque, pensé et vécu comme une communauté de destin. Avec pour socle une langue et une culture. En cela, point de vision idéologique ; la vérité nous est portée de la nuit des temps. C'est l'euskara, notre langue qui en est témoin et le véhicule incontestable. Euskalduna = euskara duena, est basque qui possède la langue basque. Comprenez, être Basque est un choix, et non pas le fruit d'une quelconque idéologie basée sur le droit du sang ou droit du sol. C'est en cela que notre combat est révolutionnaire ; notre projet collectif est basé sur un bien immatériel, sur un bien issu de l'esprit des hommes et des femmes qui durant des millénaires ont été, consciemment ou inconsciemment, porteurs de ce bien. Bien sûr, cet élément précisé, il faut dire, aujourd'hui plus que jamais, que la conscience identitaire ne peut faire l'économie d'un esprit de résistance politique.
L'UNPFII travaille sur le présent et l'avenir des peuples autoch- tones. Nous sommes directement concernés par ses travaux car, bien évidemment, la situation de l'euskara, de notre culture, notre manque de maîtrise du foncier et d'outils décisionnels réels pour définir notre devenir sont autant de signes qui nous poussent à lancer un appel, à pousser un cri, avant qu'il ne soit trop tard !

Pourquoi ce choix d'aller aux Etats-Unis, devant une instance de l'ONU ?

Voilà des décennies que nous militons, que nous avançons des revendications, que nous luttons pour faire entendre nos légitimes revendications. Sans grands effets à dire vrai. Nous sommes face à deux États forts de l'Europe, la France et l'Espagne. Ils ne nous entendent pas. C'est pourquoi il nous faut trouver des lieux, des temps, où nous puissions faire part de nos inquiétudes quant à l'avenir, voir, témoigner de notre légitime colère. Nous recherchons des espaces d'écoute et donc d'espérance.

Vous dites vouloir être porteurs de la parole d'Iparralde… et Hegoalde (Pays basque sud) alors ?

Nos frères et soeurs d'Hego alde ont depuis longtemps des canaux permettant une expression, mais également une existence légale, une reconnaissance internationale. Nous, Basques d'Iparralde, n'avons aucune reconnaissance institutionnelle, aucune existence légale. Nous travaillons en cela. C'est le sens de notre message à New-York. Bien évidemment, notre travail s'inscrit dans cet idéal commun à tous les abertzale, celui de retrouver un jour la totale maîtrise de notre destin sur l'ensemble de notre territoire national. Le «Zazpiak bat», rêve d'hier et d'aujourd'hui, et réalité de demain !

Concrètement, qu'allez-vous dire ?

La session de travail portera sur plusieurs thématiques ; langue, culture, droits de l'Homme, environnement, droits sociaux, climat etc. Nous interviendrons en priorité sur des thèmes qui sont en Iparralde sources d'injustices, voire de souffrances pour beaucoup, et qui nécessitent des changements rapides et radicaux. Le sort de l'euskara, la situation de notre culture, l'absence de reconnaissance institutionnelle, le manque de maîtrise du foncier, les droits de l'homme non respectés, la répression, autant de domaines sur lesquels nous témoignerons en vérité. En résumé, nous clamerons notre volonté de vivre et travailler au pays.

Qu'espérez-vous d'une telle démarche ?

Etre entendu au coeur d'une instance réputée comme regroupant toutes les nations officiellement reconnues : l'ONU. Les Basques aspirent à cette reconnaissance, fruit d'une dignité collective retrouvée. Nous le clamerons haut et fort. Nous irons aussi à la rencontre d'hommes et femmes provenant du monde entier, qui pour beaucoup, partagent les difficultés que nous rencontrons. Faire du lien, apprendre de l'autre, sont autant d'objectifs que nous avons.
Notre initiative se veut constructive. Bien conscient de la relativité de son importance sur le cours des événements concernant le présent et l'avenir d'Euskal Herria, il nous a semblé important de ne pas négliger l'opportunité de s'exprimer au sein de cette instance ONUsienne. Car témoigner, dénoncer, revendiquer, finit toujours par porter ses fruits. Il en sera ainsi pour nous, artisans besogneux, qui en Euskal Herri ne cessons de travailler à la recherche des lignes de vie, de dignité, pour que demain soit vécu comme un temps de paix et de justice.